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BRIQUETERIES DE LA RUIDOSA
Par Dauphine Scalbert
Revue de la Céramique et du Verre
janvier/février 1992 (N°62)


Quiere cacao ? Jet vert et frou-frou de plumes vertes. Ainsi vous accueille Roberto, le sympathique perroquet de Carole Young quand vous descendez de la jeep, abruti par les cahots du chemin. Même si proche de Bogota, vous êtes envahi par le grand calme vert.

Carole est née à Montevideo, son cœur est bien latino-américain, même si son aspect est plutôt nord-européen ; son atelier est en contrebas de la maison de briques aux grandes baies vitrées à La Calera où elle vit avec sa petite famille. Roberto l'accompagne invariablement à l'atelier mais n'a pas le droit d'y entrer, y ayant déjà fait quelques dégâts.
Son expérience nous intéresse particulièrement de par le fait que Carole est autodidacte, libre ainsi de toutes influences de maître ou d'école. En 1978 elle s'établit à Bogota et connaît l'atelier de Tina Vellejo qui lui offre d'y pratiquer librement, ce qu'elle fait de 7 heures du matin à 7 heures du soir, expérimentant les tâtonnements ardus du pionnier. La fascination de l'argile, l'émerveillement et le livre Terres et Glaçures de Rhodes lui donnent l'entrain et en 1980, elle installe son propre atelier et commande deux tonnes d'argile dans une briqueterie de Soacha, au sud de Bogota.
Elle obtient des Etats-Unis, livres et revues et se choisit pour maîtres Bernard Leach, Shoji Hamada, Soetsu Yanagi, entre autres. Four électrique, puis four à gaz, puis four anagama qu'elle construit dans son jardin. Quand elle s'installe dans cette nouvelle maison qu'elle et son mari ont dessinée ensemble, le trou creusé dans le jardin pour les déchets ménagers met à jour une belle argile beige qui est sympathique à tourner et cuit avec une belle couleur chaude.
Carole est très attachée à la céramique précolombienne qu'elle voit dans les musées, chez les collectionneurs et dans les livres. « Les Précolombiens avaient un grand respect pour le matériau qu'est l'argile ; de nos jours on ne voit plus ce qu'elle est. » Mais elle est aussi très admirative de la céramique orientale, pour sa grande tradition et le haute appréciation qu'elle suscite. Il n'est pas surprenant qu'elle aime maintenant Bizen, Shigaraki, lga, Tamba.
En 1988, Carole travaille avec une jeune Japonaise Yoshie Yamane et tout un temps elle émaille et cuit à haute température (montre 9). La céramique utilitaire la séduit pour la façon dont elle peut communiquer avec les gens. Mais ce qu'elle aime montrer c’est l’argile sans couverte et le pot plus que la sculpture. "La céramique a son identité propre, n'est ni peinture, ni sculpture mais elle s'apprécie en tant que telle. Peut-être un jour ferai-je
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de la sculpture mais je ressens plus que tout le pot avec son espace intérieur. Avec mes grands pots qui ont cessé d'être strictement fonctionnels, je veux appeler l'attention sur ce que Philip Rawson appelle l'espace du potier, l'espace que définit et que contient le pot, qui est l'intuition la plus cachée, subtile et pénétrante, que nous arrivons à peine à rendre consciente. Le fait de contenir crée une sorte de cellule spéciale, foyer dans l'espace, pouvant être extraordinaire et même atemporel".
Je n'étais pas allée chez Carole depuis plus d'un an, et cette dernière visite m'a remplie de joie et d'émerveillement. Carole fait maintenant de grandes pièces utilisant le colombin sur le tour, lignes sures, formes bien équilibrées, texture riche et chaude.
L'argile de Soacha foncée avec du fer et du manganèse, celle de La Calera, l'argile blanche et réfractaire de Medellin sont savamment associées pour le dessin à la surface du pot. L'oxydation et la réduction combinées dans le four (montre 6) donnent la dernière touche de clair-obscur. Certaines pièces chamottées ont une surface rêche qui appelle l'incrustation d'argile blanche. Et j'allais oublier- c'est presque le plus important - le toucher !
Systématiquement Carole passe ses pots au papier de verre pour qu'aucune aspérité ne vienne contrarier la caresse de la main. Aussi importante que l'œil est la main dans l'appréciation, du pot !

Dauphine Scalbert