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LES CELADONS COREENS
Par Dauphine Scalbert
pour la revue Culture Coréenne
novembre 1987 (N°15)


La période Koryo (918-1392) est considérée comme l'âge d'or de la céramique en Corée. Environ 270 fours de potiers existaient alors ; les pots aux lignes très pures, la sophistication des décors témoignent du style de vie raffiné et du goût recherché du clergé et des nobles de cette époque. Ils étaient fascinés par la profondeur et la transparence de l'émail céladon, par la subtile couleur bleu- vert qui recouvrait la très grande majorité des pots. Il existait parallèlement une production de porcelaines blanches et fines dont La couleur bleu-vert du céladon est due à une petite quanti d'oxyde de fer dans la glaçure lors d'une cuisson en réduction – avec une arrivée d'air très limitée produisant une flamme bleue et une fumée noire - l'élément ferreux se transforme et donne sa couleur bleue au céladon ; lors d'une cuisson oxydante, l'élément ferreux reste brun-jaune. Par extension, ces poteries sont aussi appelées "céladons". Il arrive que l’atmosphère du four se réoxyde en refroidissant et certaines pièces présentent les deux couleurs côte à côte.
Dans les fours de Yue, Province de Zhejiang en Chine, était déjà produit un céladon primitif dès le troisième siècle de notre ère. Perfectionné au cours des siècles, il a évolué vers le fameux céladon de Yue.
En Corée, les fondations de l'art céramique de Koryo reposent sur les techniques de fabrication et de cuisson des grès à haute température de la période de Shilla. Près d'Inch'on furent découverts des fours du X" siècle et de nombreux tessons dont la glaçure plus ou moins bien fondue, de couleur brun-vert, est celle des céladons primitifs. Ceux-ci représentent les échelons d'une longue recherche.
Puis l'influence de l'art chinois déclencha la fabrication de céladons raffinés, quand s'intensifièrent les relations commerciales et politiques entre les deux pays. Les navires de gros tonnage, fabriqués par les Chinois depuis le X° siècle, quittaient le port de Ningpo à l'embouchure du Fleuve Jaune, et traversaient en ligne directe jusqu'à l'extrémité Sud-Ouest de la péninsule coréenne. Bon nombre de céramiques chinoises ont été retrouvées dans les tombes de la Dynastie Koryo ; cependant l'importation de céramiques chinoises cessa au XIIème siècle puisque les Coréens produisaient alors leurs propres céladons d'excellente qualité, en grand nombre. Formes semblables, détails de fabrication identiques (pour examiner et comparer des pots, il est nécessaire d'en observer le pied) laissent entendre que des potiers voyageaient entre le Zhejiang, Puan et Kang-jin, les deux centres les plus importants de production de céladons, situés sur la côte, face à la Chine. Un envoyé chinois, en voyage en Corée en 1123, décrivit en détail les pots à vin et les brûleurs à encens dont "la couleur ressemblait à la couleur secrète des pièces de Yue et de Ju". C'était un beau compliment pour les Coréens que de voir leur production comparée à celle des fours impériaux.
L'histoire des céladons coréens se divise en trois périodes. La première (1050-1150) est celle du pur céladon ; à la pureté et la virtuosité de la forme s'allie un émail sans craquelures d'une telle profondeur qu'on n'en distingue pas la limite avec l'argile. Les formes sont très variées : tasses découpées comme la fleur de lotus, avec leurs sous-tasses, récipients pour le vin en forme de melon ou de calebasse, brûleurs à encens surmontés d'un animal fantastique, compte-gouttes représentant des fruits... Les décors sont incisés dans l'argile, arabesques, fleurs, phénix... et dénotent une influence des artisans khitans du Royaume de Liao. Les plus beaux spécimens ont été découverts dans la tombe du roi Injong mort en 1146.
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La deuxième période (1150-1250) est celle du céladon incrusté. Sa technique purement coréenne consiste à remplir d'engobe blanche ou noire les incisions du décor sur l'argile pas encore sèche. Le surplus est gratté et laisse apparaître un dessin aux lignes incisives. Particulièrement célèbres sont les "Mae-pyong" décorés de grues et de nuages, les petites bouteilles et boîtes à cosmétiques ornées de chrysanthèmes. Les fours de Kangjin et de Puan étaient à leur apogée et recevaient le patronage de la cour. Le transport des céramiques se faisait par bateau, les ateliers s'établissaient de plus en plus près de la côte, au fil des années. Des tuiles en céladon recouvrirent les toits des pavillons princiers, les céramiques rituelles bouddhistes empruntèrent leurs formes et leurs décors aux objets de métal. Apparut aussi l'usage de l'oxyde de cuivre qui donnait une note de couleur vive. C'est par la suite que les Chinois de Yuan employèrent celui-ci pour leur "rouge sang de bœuf".
La troisième période (1250-1392) est celle du déclin du céladon. En 1231, l'invasion mongole marqua le début d'un long appauvrissement du pays et l'histoire de la céramique reflète cela d'une certaine manière. La sophistication et la virtuosité firent place à une plus grande simplicité, simplicité qui ira jusqu'à l'austérité de la Dynastie Yi confucéenne. Les incrustations d'engobe dans le décor furent pratiquées avec plus de rapidité sur l'argile gravée ou encore estampée, à l'aide de sceaux d'argile. Les techniques de cuisson se détériorèrent, et le céladon fit place au "Punch'ong", une glaçure grise à la cendre recouvrant les poteries aux décors engobés. Les décors floraux, qui avaient été fréquents au XIème siècle, furent repris avec un pinceau trempé dans l'oxyde de fer. Le Punch'ong est appelé "Mishima" au Japon. Les artisans japonais reprirent cette technique encore envogue de nos jours.
Les céladons représentent une période de prospérité et de génie artistique qui émerveille Orientaux et Occidentaux. Après avoir absorbé les influences chinoises et Liao dans les domaines technique et artistique, les potiers de l'époque Koryo ont magnifié le caractère purement coréen de leur production. Un grand sens de l'équilibre des formes, une maîtrise parfaite de la ligne, une élégance si proche de celle de la Nature sont, à mes yeux, les caractéristiques de la céramique coréenne depuis l'époque des Trois Royaumes jusqu'à la fin de la dynastie Yi. Peut-être cela est-il dû à l'amour des formes généreuses et à la dextérité des artisans, à la beauté tranquille des . paysages coréens sous une lumière qui les adoucit encore ...
Dauphine Scalbert